Daph Nobody

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un homme, un regard sur l'homme

mardi 1 mars 2016

"Le regard du bronze" (un article de D.O. Boelens) - EXPOSITION de SCULPTURE à WATERLOO (2016)



« Le regard du bronze »

un article de Daphnis Olivier Boelens (février 2016)



En ce moment même se tient aux Écuries de Waterloo une exposition mariant les œuvres de deux artistes : un peintre-pastelliste, Dany Persoons, et un sculpteur, Halil Faïk.



Je vous parlerai aujourd’hui de l’œuvre de ce sculpteur... comme je pourrais vous parler d'une femme. Et de femmes, c'est bien de cela dont il s'agit.



HALIL FAÏK



La sculpture est sans doute la forme d'art qui se rapproche le plus du réel, de par sa tridimensionnalité, qu'elle soit grandeur nature ou non. C'est d'autant plus vrai dans l’œuvre d'Halil Faïk où, ses modèles qui n'en sont pas (puisque Faïk travaille de mémoire), procurent un sentiment de chair. Ils semblent avoir été capturés de loin dans un moment de solitude (bien que saisis de si près que le moindre grain de peau cristallise sa suavité, et le moindre tissu son velouté), à leur insu, dans leur intimité la plus nue tout en traduisant une pudeur enchanteresse, de laquelle se dégage un souffle, un appel au silence méditatif – le verbe n'a plus sa place quand la chair se déclare –, une chaleur... un regard.



En effet, ce qui frappe le plus dans les sculptures de Faïk, c'est le regard de ses personnages. Bien loin de nombreuses sculptures de grands maîtres dont (au-delà de toute maestria technique) l'émotion semble figée voire énucléée, ici chaque visage exprime un état d'âme, souvent partagé entre la béatitude et le questionnement, la quiétude et le défi. On s'y sustente de la même volupté voilée que chez le photographe David Hamilton. On y trouve une pureté ardente, une impression organique comparable à celle de l'artiste-peintre Kiéra Malone. Visiter une exposition d'Halil Faïk nous remplit de paix et galvanise notre aspiration à la beauté. Le naturel vivant qu'il confère à ses sculptures contribue à nous emporter dans une quête de fragilité et d'oxygène. Chaque instant recèle sa part de songe et de séduction, chaque repli sa part de lumière. Quand le bronze devient chair, le temps s'arrête et l'espace s'ouvre sur l'univers. Rien ne nous rapprochera jamais davantage du cosmos que le corps d'une femme, et l’œuvre de Faïk ne déroge pas à cette « ivresse ».



Les personnages de Faïk ne posent pas, ne composent pas, ne s'imposent pas. Ils s'étirent, se prélassent, se meuvent en un ballet où la grâce s'allie à l'innocence, scrutent... semblent parfois vous observer autant que vous les observez (qui observe qui, au final ?).







Ces figures de proue(sse) ne semblent avoir besoin de rien ni de personne, évoluant dans un éden d'autarcie relationnelle – mais chaque individu est un monde en soi, et le premier dialogue à développer pour acquérir l'équilibre des sens n'est-il pas le dialogue avec son propre corps ? –, bien que le rapport aux « voyeurs » que nous incarnons malgré nous soit magnétique et mimétique. La précision des traits faciaux et le façonnement des regards participent au caractère saisissant de réalisme, qui appelle le visiteur à se rapprocher irrésistiblement et à tendre la main comme pour effleurer une peau.



Mais au-delà de toute technique maîtrisée et portée ici à son pinacle, on sent qu'Halil Faïk sculpte avec cet outil qui ne se trouve qu'à l'intérieur de soi : l'amour. Car c'est sans conteste avec beaucoup d'amour que l'on parvient à donner tant de vie et tant de sensualité au bronze. Nous ne sommes pas dans l'érotisme mais dans l'hédonisme.


 




Une exposition que je vous invite donc à aller voir d'urgence. Parlez-en autour de vous.




Un artiste qui mérite d'être vu, connu, promu... et rencontré, car vous aurez l'occasion, en sus, d'échanger quelques mots avec lui au cours de votre visite à son exposition. On ne peut qu'être honoré et fasciné de posséder chez soi une œuvre de ce grand maître contemporain. Ce n'est pas qu'une statue que l'on emporte chez soi, mais une parcelle d'âme de l'infini.





Du 25 février au 25 mars 2016

Écuries de Waterloo

Chaussée de Bruxelles, 308

1410 Waterloo

site internet : http://www.halilfaik.net/

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