Daphnis
Boelens : Afin de compléter cet article que j'ai écrit avec le
profond désir de faire connaître tes combats au plus grand nombre,
je te propose ces cinq questions qui me viennent à l'esprit
spontanément en pensant à ton histoire. Bien évidemment, ne te
sens pas obligée d'y répondre. Je ne cesse de le dire aux autres
personnes que j'ai chroniquées, mais aussi aux lecteurs et
journalistes qui m'ont contacté : ce site internet se veut
« donner la parole aux victimes », et n'est pas destiné
à « tirer les vers du nez » ou à « creuser dans
l'intimité pour soutirer des détails croustillants afin d'attirer
un public de tabloïds ». Donc, sens-toi libre de dire ce que
tu as envie de dire et de ne pas dire ce que tu n'as pas envie de
dire. Si tu veux répondre en deux phrases, ou en dix pages, sens-toi
également libre de le faire. Tu as ici toute la place que tu le
souhaites pour t'exprimer, sans aucune limite. Et, plus généralement,
s'il y a bien une personne qui a sa place sur ce site internet, c'est
bien toi. Donc, je te donne carte blanche. Mais il est vrai que ces
questions que je vais te poser me tiennent très à cœur, parce que
je pense qu'y répondre peut aider le monde à avancer d'un pas vers
un climat plus respirable que celui dans lequel nous évoluons
aujourd'hui, qui à mes yeux s'apparente davantage à l'enfer qu'au
paradis. Alors, allons-y...
1.
En lisant ton livre, qui relate non seulement ton agression au
vitriol mais aussi ton vécu dans ton enfance, ton adolescence et ta
vie adulte qui l'ont précédée, une chose m'a particulièrement
frappé, c'est la capacité que tu possèdes à te relever à travers
tout, en ajoutant chaque fois une corde à ton arc. Beaucoup de gens
auraient sombré en étant seulement confrontés à tout ton vécu
qui a précédé l'apparition de Richard Remes. Alors, ma première
question est évidente : où puises-tu cette énergie, cette
positivité, cette combativité, qui te permettent de survivre à
tant de souffrances et, de surcroît, de te lancer dans des combats
qui te servent non seulement à toi mais aussi à beaucoup d'autres
personnes ? Qu'est-ce qui te motive, te donne cette force qui
fait de toi, indubitablement, une personne aussi exceptionnelle ?
Patricia
Lefranc : Où je trouve mon énergie, franchement je n'en sais
rien. Un jour je me suis dit, tout simplement : si je suis
restée vivante, il doit y avoir une raison. Je l'ignorais, mais
c'est en avançant que je découvre le pourquoi : essayer de
dire stop à toutes sortes de violences, ne parler que du bien,
parler positif, pour que mon cerveau « s'entraîne à du
beau ».
2.
Ma deuxième question est difficile, pénible même, mais c'est
peut-être la première question que moi je me poserais s'il devait
m'arriver quelque chose d'aussi cruel et injuste que ce qu'il t'est
arrivé... Je te pose sans doute aussi cette question parce que,
comme tu le sais, c'est un thème qui m'est cher depuis que j'ai été
victime d'une secte chrétienne au satanisme camouflé du côté de
Lyon, et que ce site internet que j'ai créé en réponse à ce viol
mental il y a maintenant deux ans (uneviesurlaterre.canalblog.com)
cherche à comprendre ce point précis à travers l'étude de récits
de vie violents et douloureux, comme l'est le tien. Alors, voilà ma
question. Que penses-tu qu'un être humain puisse avoir à l'esprit
au moment où il commet un tel acte ? Qu'est-ce qui peut pousser
un être humain à perpétrer autant de mal ? Certains
chercheurs pensent qu'il existe, en parallèle d'un Dieu créateur,
un esprit maléfique destructeur (qu'on désigne sous autant
d'appellations qu'on ne désigne Dieu Lui-même), qui possède les
gens pour les amener à commettre l'irréparable, qui fait que les
gens agissent dans un état second, qui amène par exemple un soldat
à mettre un bébé dans un four à micro-ondes pour faire parler ses
parents en tant de guerre, pour ensuite rentrer chez lui et embrasser
ses propres enfants comme si de rien n'était... Quelle est ton
opinion là-dessus ?
Patricia
Lefranc : Il n'y a ni dieu ni maître, mais le diable excite,
réincarné dans la tête des humains... Attends, je réfléchis...
Pas évident de déposer ce genre de réponse pour que tu comprennes
bien... La réincarnation, j'y crois. Si une personne est aussi
cruelle que remes (le petit « r » est fait exprès, car
je ne veux pas lui donner de l'importance), je pense qu'il est le
x.... des milliers de personne à avoir réincarné le diable. Moi,
sainte ou gentille ou simplette – prends-le comme tu veux –, ou
même toi – le masculin existe aussi –, on est là pour luter
contre le diable. Tu me diras : « si tu crois au diable,
alors dieu existe aussi... »
3.
Crois-tu au destin ? Crois-tu à une mission qui serait allouée
à certaines personnes choisies par une Intelligence supérieure
parce qu'elles sont plus exceptionnelles que les autres de par leur
caractère déterminé, leur force de volonté et leur capacité à
traverser les pires épreuves en se bétonnant au lieu de s'effondrer
et en se servant du mal encaissé pour répandre le bien autour
d'eux ?
Patricia
Lefranc : Oui, je crois au destin. Je ne pourrais croire
autrement, mais il y a un petit « mais » : notre
cerveau est-il capable de voir ce qui arrive ? Le destin fait
partie de quoi et pourquoi ? Non, je ne te retourne pas la
question... Oui, le destin peut être tracé pour le meilleur. À toi
et à moi de sentir la balle, le soleil qui se lève, et non le
tremblement de terre.
4.
Nous sommes depuis quelques années en temps de crise économique
(une pseudo-crise économique, comme nous le savons, puisque le
nombre de milliardaires ne cesse de grandir de mois en mois), et on
ne cesse de lire combien les chômeurs sont persécutés... alors que
les taulards, eux, ne sont jamais inquiétés sur le plan financier
(sachant qu'un prisonnier coûte énormément d'argent mensuellement,
si l'on prend en compte les frais de nourriture, de sanitaires,
d'entretien de bâtiments, de gardiennage, et j'en passe... chaque
prisonnier coûterait environ 5000,00 euros par mois, alors qu'un
chômeur ne coûte qu'entre 1000,00 et 1500,00 euros par mois). Ma
question est délicate et m'a souvent gratifié de critiques acerbes,
et m'a valu d'être traité de nazi, de monstre, de salaud, et ainsi
de suite. Ne penses-tu pas que, pour entre autres éviter de voir
libérer des criminels particulièrement dangereux dont la récidive
est plus que probable, il serait à la fois plus sûr et plus
économique de réinstaurer, dans les cas les plus extrêmes, une
peine de mort ? Je te pose la question, étant donné que tu
milites pour des peines incompressibles. Est-il normal qu'on coupe
les vivres à des chômeurs qui n'ont fait de mal à personne et qui
n'ont commis pour seul crime que de ne pas réussir à trouver une
place dans la société (dans un Système où le travail pour tous
n'est plus possible en raison de l'avènement de la robotique), mais
qu'on entretienne onéreusement des criminels sans remettre en
question cette hémorragie financière que sont les prisons ? Et
je ne parle même pas des traders et des grosses fortunes qu'on
refuse de taxer...
Patricia
Lefranc : Peine de mort !!! Oui, dans les cas de violeurs,
tueurs d'enfants... MAIS ! je ne pourrais pas signer pour une
telle loi... tout simplement parce que je suis maman. Je ne peux
m'imaginer que si un jour un des mes enfants tourne très mal...
il/elle se retrouve sur la chaise électrique ou soit exécuté par
un autre moyen légal de donner la mort. Mais je t'avoue aussi que
j'y ai pensé fortement par rapport à mon cas, de peines qui
permettent la vraie « mise à l'écart », pas celle où
tu es dehors après 20 ans mais bien celle où tu meurs comme un
chien dans une cellule. Oui, là je suis d'accord. Des fois, le matin
je me lève et je me dis : « Tiens, aujourd'hui tu liras
ou tu entendras que remes est mort. » Ce jour-là, je boirai
une bouteille de champagne à moi TOUTE SEULE !
5.
Dernière question, sans doute la plus délicate pour toi. Mais je me
permets quand même de te la poser. Qu'aurais-tu envie de dire à
Richard Remes que tu ne lui as jamais dit, si un jour tu te
retrouvais en face de lui dans un autre monde, au jour du Jugement
dernier, et qu'il était forcé de t'écouter en te regardant droit
dans la figure cette fois, contrairement à ce qu'il en fut en Cour
de Justice ?
Patricia
Lefranc : Ce que je lui dirais... comme je l'ai toujours dit,
d'ailleurs... « Tu as voulu me tuer, mais tu m'as rendue plus
vivante que jamais ! »
Je
te remercie pour ces réponses, Patricia. Elles ne font que confirmer
le caractère exceptionnel de ton cœur, de ton esprit. Ta bravoure,
ta détermination, ta force, ton courage, subjuguent tout le monde,
et personne ne me contredira là-dessus. Je t'admire, et je te
soutiens de tout cœur. Je n'oublierai jamais cette première fois où
je t'ai rencontrée physiquement. Tu étais un soleil rayonnant, et
j'avoue en être resté sans voix pendant un court instant. Je
n'oublierai jamais non plus ces premiers échanges que nous avons eus
par internet, tout à fait par hasard, par le biais d'une amie
commune, alors que je ne savais pas du tout qui tu étais ni ce que
tu avais vécu, et que nous nous parlions comme de vieux amis qui
avaient échangé leurs points de vue sur le monde toute leur vie
durant. Merci d'être là. Je t'aime. Daphnis
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