PARUTION D'UN TEMOIGNAGE chez EDILIVRE en 2013, signé VIRGINIE VANOS
VIRGINIE
VANOS :
La
femme qui s'est dé-« Battue ! »
– le
récit d'un combat contre un pervers narcissique –
(une
chronique de Daphnis Boelens, 12 février 2014)
Ce
témoignage « à vif » touchera la plupart d'entre nous,
pas forcément parce que nous avons été battus ou maltraités comme
l'a été Virginie, mais parce que nous reconnaîtrons tous en Reza
Shariati une ou plusieurs personnes que nous avons connues au fil de
notre vie sans toutefois parvenir à en définir le comportement tout
en sentant instinctivement qu'il était représentatif de quelque
affection relevant de la pathologie. Comme me l'a très justement dit
un jour une amie : « pouvoir mettre un nom sur une maladie
aide à mieux la cerner et à entamer le processus de guérison ».
Il
fut un temps où les termes de « pervers narcissique » ne
faisaient pas partie du vocabulaire psychiatrique, et aujourd'hui
encore nombre de ces « spécialistes de l'alchimie mentale »
rechignent à se servir de cette terminologie, en dépit des critères
de plus en plus précis énoncés pour identifier ce type
d'individus. Je ne m'attarderai pas ici sur les déclinaisons de
cette « bestialité mentale » (pour plus d'informations,
et pour d'autres considérations concernant le récit
autobiographique de Virginie Vanos, lire mon article intitulé
« Combattre la violence au quotidien », via le lien
http://uneviesurlaterre.canalblog.com/archives/2014/02/13/29205406.html
L'objet
du présent article est de dresser le portrait d'une Virginie Vanos
qui nous propose, dans son livre intitulé « BATTUE ! »,
une optique de défense particulière face à un être aussi ravageur
qu'auto-destructeur. Il nous faut reconnaître que Virginie Vanos
possède une force de caractère assez exceptionnelle, car peu de
gens, confrontés à une telle violence et physiquement fragilisés,
parviendraient, plus qu'à tenir tête à l'individu concerné, à
survivre psychologiquement à ces agressions répétées, à cette
oppression permanente, à cette persécution, cette dévalorisation
si répétitives qu'elles font parfaitement office de lavage de
cerveau. Rien de tel que le « supplice de la goutte d'eau »
chinois pour réduire un être à néant.
Mais
plutôt que de se réfugier dans sa famille, Virginie Vanos décide
de s'armer psychologiquement contre Reza Shariati, afin de ne pas lui
donner gain de cause, de ne pas lui offrir le délice d'une victoire
humaine non-méritée. Les épreuves qu'elle endurera à travers ce
combat seront de taille. Elle sera notamment victime d'une tentative
de meurtre à l'insuline par ce Reza, habilement camouflée par la
mère Shariati, toute la famille collaborant dans cette persécution,
et qui n'est certes pas étrangère au façonnement de la
personnalité de ce fils Shariati qui a décidé de ne rien faire de
sa vie et qui proclame à tous vents que l'oisiveté est la preuve
formelle d'un homme supérieurement intelligent.
La
caractéristique principale des pervers narcissiques est de se
construire par le biais de votre destruction. Ils choisissent dans
leur entourage une personne qui sera leur proie, leur bouc émissaire
(il peut s'agir d'une compagne/d'un compagnon, d'un fils/d'une fille,
d'un(e) collègue de travail, d'un(e) voisin(e)... tout en se
comportant « normalement » avec toute autre personne, ne
laissant ainsi rien entrevoir de leur véritable personnalité
cachée), sur qui ils déverseront leur venin tout en se purgeant
eux-mêmes de ce venin qui circule au départ dans leurs propres
veines et qui les ravage de l'intérieur jour après jour bien qu'ils
fassent un déni de grossesse par rapport à ce fœtus apocalyptique
qui les habite et les hante. Le pervers narcissique procédera
d'abord par séduction, afin de gagner la confiance de la personne en
question et de lui permettre de dévoiler ses points faibles, sur
lesquels il s'attellera à travailler comme on force un coffre-fort
avec une foreuse afin d'en dérober toutes les richesses.
Oui,
car ces gens vous vident peu à peu de votre substance, en vous
faisant croire, de surcroît, que ce que vous considérez comme des
références et des repères moraux, culturels, intellectuels... ne
sont que des sous-valeurs issues de sous-hommes dont vous faites
partie, et qui vous ont été inculquées par votre famille qui n'a
jamais rien compris à la vie en raison d'une étroitesse d'esprit
génétique. Ses valeurs supplanteront peu à peu les vôtres. Sa
violence vous rongera tel un cancer. Sa folie deviendra votre raison.
Vous serez sa nouvelle paire de chaussures.
Peu
de victimes parviennent à se relever d'une telle entreprise de
démolition, et les suicides ne sont pas rares, quand les victimes ne
tombent pas dans l'alcool, la drogue ou l'addiction
psycho-médicamenteuse. Virginie Vanos a fait preuve d'une
combativité qui n'est pas donnée à tou(te)s. La lecture de son
texte transpose parfaitement, à travers le choix de ton et du
lexique, la violence subie d'une part, et d'autre part la violence
déployée par Virginie elle-même en réaction contre ces agressions
au débit exponentiel. Il est bien connu que la violence physique
constitue en soi une violence psychologique. Dans le cas des
« pervers narcissiques », la violence physique est
moindre (bien que présente, mais s'inscrivant comme une violence
parmi d'autres) : c'est en réalité la violence psychologique
qui prédomine. Ainsi, Reza Shariati ne cessait, jour après jour, de
souligner que Virginie Vanos n'était qu'une vulgaire occidentale,
aux goûts provocateurs tout juste dignes des prostituées de luxe,
et que si elle voyait son niveau de respectabilité et d'élégance
enfin relevé, c'était uniquement parce que Reza lui-même lui avait
permis une rédemption, un effacement total de son ancienne
personnalité de débauchée dont chaque déhanchement dénotait de
la vulgarité, de la grossièreté. En d'autres termes : il lui
a permis, du haut de sa magnanimité, de devenir une femme bien.
Quelle chance d'avoir à sa disposition un tel rédempteur, un tel
redresseur de torts, un tel enseignant de la vie érudit et surdoué,
une telle réincarnation de Jésus Christ !
Tout
ce qui constituait le monde de Virginie était systématiquement
dénigré, écarté, molesté. Les goûts de celle-ci étaient
considérés par Reza comme ceux d'une femme de mauvais goût, les
loisirs qu'elle pouvait s'accorder étaient forcément ceux d'une
traînée inculte, les rêves, projets d'avenir et travaux qui
constituaient la personnalité et les activités de Virginie la
conduisaient forcément sur le mauvais chemin, le bon chemin étant,
aux yeux de ce Reza, ceux du désœuvrement, du rejet obsessionnel et
démesuré de la société, de la consommation effrénée de
marijuana et d'alcool, etc.
Virgine
cherche à se bâtir une vie, et le contact avec un homme dont les
valeurs ne sont que spirales de fumée convient aussi bien à cette
jeune femme qu'une sulfateuse siérait à une antilope. Si elle
atteint un point de non-retour où elle sent sa vie (psychologique
mais aussi physique) en danger, plutôt que de fuir elle décide de
relever un défi : gagner le duel contre cet homme qui est aussi
vide de profondeur qu'il n'est rempli de toxicité et de sarcasme. La
pollution morale qui s'immisce en vous au contact de cet homme ne va
pas sans rappeler celle d'un gourou de secte qui, parvenant à vous
convaincre qu'il est le représentant direct du Créateur de
l'Univers, vous amène à accepter de sa part n'importe quel
traitement, les insultes, imprécations et punitions, le moindre
attouchement inconvenant. Reza est le gourou d'une secte dont il est
son propre adepte avec un certain Hirad qui partage ses idéaux, son
mode de vie, et son paysage enfumé de cannabis. Deux personnages
aussi insupportables et inconsistants l'un que l'autre.
Ce
n'est pas sans un certain humour que Virginie revient, avec recul,
sur cette relation sentimentale qu'elle a vécue il y a quelques
années déjà, et qui lui a valu malgré tout une dépression
nerveuse. Parfois traité sur le ton de la comédie, d'autres fois
dans un registre plus dur, on sent néanmoins à travers ce récit le
désir de partager non pas tant la douleur de ce vécu, que la liesse
de la victoire finale. Une double victoire, en vérité : contre
l'agresseur, mais aussi contre sa propre fragilité. On sent Virginie
évoluer au fil du récit, s'aguerrir, prendre conscience des
réalités de la vie, du caractère éphémère des relations, du
danger de l'idéalisme naïf qu'induit la foi en l'amour fou.
Nous
serions tentés, à l'issue de ce récit, de se dire que le véritable
amour n'est qu'un leurre et qu'il serait plus raisonnable de renoncer
une bonne fois pour toutes à ce type de relations rapprochées avec
autrui, que les nuits d'amour sont toujours sans lendemain.
Cependant, ce n'est pas le propos du texte. À
mon humble avis, ce qui ressort ici, c'est l'idée de vaincre le mal
afin de faire de la place pour ce qui existerait de plus beau en ce
monde, de sorte que lorsque la bonne personne se présentera, le cœur
sera prêt à l'accueillir au meilleur de sa forme, non plus avec
naïveté et soumission, mais avec équilibre et discernement. Il
faut croire que c'est en passant par une expérience aussi extrême
que l'on apprend à se protéger de la vilenie humaine, et de la
flairer même lorsqu'elle se dissimule derrière une façade des plus
séduisantes.
Jamais
plus Virginie ne se laissera emporter dans un tel tourbillon de
violence et de manipulation mentale. Jamais plus elle ne se « fera
avoir ». C'est quand on a échappé à la destruction, qu'on
peut enfin commencer à se construire. La jeune fille est ainsi
devenue femme, et sa fragilité, carapace.
Se
construire, oui. C'est ce que je souhaite de tout cœur à Virginie
Vanos, cette charmante jeune femme que j'ai eu le plaisir de
rencontrer, et qui m'est apparue comme quelqu'un qui revient de loin,
mais qui a su en tirer les bonnes leçons, et qui n'a pas renoncé à
ce qu'elle aimait. Jamais, d'ailleurs, n'a-t-elle été plus active
qu'aujourd'hui. Ses projets photographiques se multiplient, pour
notre plus grand plaisir. À
présent qu'elle a pu extraire tout ce venin sur papier, je lui
souhaite beaucoup de bonheur et de paix. Surtout beaucoup de paix.
Lorsqu'on est passé à deux doigts de la mort (qu'elle soit physique
ou psychologique), on voit la vie sous un autre angle, avec un autre
œil, qui semble à la fois doté de lunettes à infrarouges, et à
la fois libéré d’œillères propres à la jeunesse. La vie,
alors, prend peut-être plus de valeur qu'elle n'en revêtait
auparavant.
Ce
livre est une leçon de vie, le récit d'une victoire, qui pourra
aider bien des personnes qui se sont trouvées confrontées à une
situation semblable (ou qui s'y trouvent toujours confrontées) et
qui ne sont pas parvenues à en sortir ou à oublier. Oui, Virginie
nous prouve noir sur blanc qu'IL EST POSSIBLE DE SABORDER UNE TELLE
MACHINATION ET DE LUI SURVIVRE !!! Et la meilleure façon de
mettre fin à un calvaire comme celui de l'assujettissement à un
pervers narcissique, c'est de parler. À
ce titre, et en guise de mot de la fin, je dirais que si le livre de
Virginie Vanos ne s'était pas intitulé BATTUE !, il aurait pu
très bien s'intituler PARLER !
Daphnis
Boelens, 12 février 2014
VIRGINIE
VANOS INTERVIEW – février 2014
1)
Qu'as-tu le plus appris à travers cette terrible expérience, sur
toi, sur la vie en général ?
J’ai
appris que rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir, que les
apparences sont trompeuses…. Et que j’étais beaucoup plus
résistante que je ne l’imaginais !
2)
Te reste-t-il des séquelles de ce vécu avec Réza ?
Oui,
hélas, il me reste des séquelles au niveau neurologique : je
n’ai plus de rythme circadien suite aux privations de sommeil. Je
tiens le coup grâce à des anti-épileptiques que je devrai prendre
à vie.
3)
Te sens-tu changée par ce vécu ? As-tu relevé des changements
positifs, ou négatifs aussi ?
Changée… Mon Dieu, hélas oui. J’ai l’impression d’être devenue horriblement dure. Ok, c’est bien d’être la reine de la résilience, mais je suis maintenant tellement blindée que je suis sur la défensive, prête à combattre, dès que je sens que l’on pourrait me faire sciemment le moindre mal.
4)
Ce vécu affecte-t-il tes relations actuelles ? Les abordes-tu de la
même façon, ou avec plus de circonspection qu'auparavant, avec
méfiance d'entrée de jeu ?
Ce
n’est pas l’épisode Reza qui m’a changée d’un point de vue
affectif, car quelques mois après la rupture, j’ai eu la chance
de vivre deux ans avec un homme merveilleux. C’est plutôt mon
veuvage (3 ans déjà…) qui a fait de moi ce que je suis
actuellement. J’ai eu quelques aventures, j’ai parfois éprouvé
des sentiments vrais… mais si je veux être lucide, je n’ai fait
que servir de Kleenex à quelques mâles pensant que fragile rimait
avec facile. Je suis seule, totalement seule depuis une bonne année,
et je ne veux plus servir de support à fantasmes. Je ne veux plus
qu’on me drague, je ne veux plus qu’on regarde ma bouche en
pensant à mon cul. C’est pour cela que je me suis volontairement
mise à la retraite sentimentale. Qu’on ne tente plus de me
consoler, ou de me baiser… Je n’ai qu’un seul souhait, qu’on
me laisse tranquille à ce niveau-là.
5)
Quels seraient les conseils que tu donnerais à quelqu'un(e) qui
serait confronté(e) à ce type de relations ?
Dès
qu’on se rend compte qu’on est dans une relation perverse, à mon
sens, il n’y a qu’une seule solution : la fuite, et au plus
vite ! Aucun prétexte n’est valable pour rester…
Merci,
Virginie, pour t'être confiée avec autant de franchise dans ce
court entretien... de même que dans ton livre, que je conseille
vivement de lire aux personnes qui ont été ou sont confrontées à
ce type de problèmes, mais également à tout un chacun, car toi et
moi savons, de par notre vécu, que personne, absolument personne,
n'est à l'abri de ces pervers manipulateurs, qui sévissent dans
tous les milieux possibles et imaginables. En guise de conclusion, je
ne puis que te souhaiter, pour les années à venir, la paix et
l'amour (il existe fort heureusement d'autre formes d'amour que celle
entre un homme et une femme, sur lesquelles il est réconfortant de
pouvoir compter). Que la vie te protège des gens mauvais... même
si, avant tout, c'est à nous-mêmes d'apprendre à nous en protéger,
comme tu nous l'as très bien démontré dans ton récit
autobiographique qui, je le rappelle, vient de paraître en 2013 chez
Edilivre et s'intitule « BATTUE ! ».
Prends
soin de toi.
À
bientôt. Daphnis
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