Daph Nobody

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un homme, un regard sur l'homme

lundi 23 août 2010

CHRONIQUE LITTERAIRE n°2 : LE PAIN DU DIABLE, un roman d’Edith Develeyne (une chronique de Daph Nobody, 23 août 2010)





CHRONIQUE LITTERAIRE n°2 : LE PAIN DU DIABLE, un roman d’Edith Develeyne
(une chronique de Daph Nobody, 23 août 2010)



Voici un roman à (re)découvrir, et d’actualité si l’on se réfère à la vérité qui s’y dissimule en filigrane, une vérité qui ne fut révélée que très récemment. Tiré d’un fait divers, ce roman écrit par Edith Develeyne nous happe dans le chaos d’un village qui se retrouve sous l’emprise d’une folie passagère mais ravageuse, emportant sa population l’espace d’une nuit, la fameuse « Nuit de la Saint-Jean », jusqu’aux confins de l’imagination macabre.



La structure narrative utilisée ici est comparable à celle des meilleurs suspenses américains, où violence et rebondissements se succèdent en crescendo jusqu’à atteindre les limites du supportable, tant pour les personnages que pour le lecteur. Quand les pulsions de l’homme sont mises à nu, la folie s’installe.



Le choix du narrateur est judicieux : il s’agit d’un enfant, Lucas (ou, du moins, le personnage était enfant lorsque le drame s’est déroulé, la narration se réalisant en deux temps). Judicieux, car si l’enfant perçoit les événements à travers le prisme de sa « découverte du monde », tout ce qu’il décrit reflète la réalité, non seulement des faits, mais également de son propre ressenti par rapport aux situations. A posteriori et en se glissant à nouveau dans sa peau d’enfant, il procède à une auto-analyse dans l’anamnèse d’une affection qui le dépasse comme elle dépasse tout le monde. Ses réactions, décrites de manière brute et sincère, lui paraissent naturelles alors que, de toute évidence, elles virent au morbide. Mais il ne se dédouane pas de ses propres méfaits et de ses « occultations » criminelles (il abonde dans le sens de la culpabilité d’Alain pour le meurtre de Claudine, alors qu’il assiste à ce meurtre... commis par Ernest). Ses aveux sont sans concession. Il était important de dresser le portrait de cette « nuit d’horreur » par le truchement d’un personnage qui ne serait pas distant et faux par rapport aux choses mais qui s’y impliquerait en relatant ses propres sentiments contradictoires et répréhensibles au fil du récit. Des sentiments, oui, parfois pervers et manipulateurs. Après coup, il se souvient de tout et décortique avec logique et empathie. C’est là la plus grande force de l’histoire.



L’autre force du récit est d’asseoir cette dégénérescence collective de manière graduelle, par petites touches. Lors de la course-poursuite entre la voiture de Riton et Raoul et celle d’Alain, première manifestation du « mal », on ne se doute même pas du fait que ce sont là les premiers signes de la « maladie », cela nous apparaît comme une vilaine plaisanterie. Il en ira de même pour les quelques occurrences qui suivront, et qui peuvent passer pour des actes conséquents à ce mépris sectaire que l’on imagine aisément dans les bourgades de la France profonde, comme on les imaginerait dans les bleds de l’Amérique de Délivrance. Ce n’est qu’au-delà d’un certain seuil que l’on prend conscience de cette vague de folie qui emporte tous les habitants. Le tourbillon infernal nous engouffre alors dans l’angoisse et l’horreur, sans qu’on ne puisse plus y échapper, dans un rythme oppressant, jusqu’à l’issue inéluctable qui portera le festin barbare à son acmé.



Un livre qui aurait très bien pu faire l’objet d’un film, de par son sujet d’abord, ensuite parce qu’il est particulièrement visuel et haletant.



Il est intéressant, pour terminer, de replacer cette histoire dans son contexte. Certes, nous ne pouvons nous empêcher de penser que la vérité complète nous sera toujours dissimulée. Mais des révélations échappées aux services secrets ont soutenu une thèse bien différente de celle du « pain maudit ». Le gouvernement américain aurait, en 1951, conclu un marché avec la France, permettant à la CIA de pratiquer une expérience dans un village du Guard (Pont Saint-Esprit – dans le roman Le Pain du Diable, il s’agit de Saint-Fulcier, anagramme de Lucifer), expérience qui consistait à disséminer dans l’air du LysergeSäureDiethylamid, en français de l’acide lysergique diéthylamide, autrement dit du LSD, afin d’étudier les comportements des gens ayant respiré, en collectivité, un air chargé de ce psychotrope. Il s’ensuivit une vague de violences, de suicides, et d’affections physiques massives. Ce n’est qu’il y a quelques mois que la presse a eu vent de cette histoire de LSD. Les gouvernements le dénient, mais peut-on les croire? Un scandale parmi d’autres de la part de ces gouvernements qui nous dirigent, manipulateurs, pervers, nazis.



http://www.rue89.com/2010/03/08/en-1951-un-village-francais-a-t-il-ete-arrose-de-lsd-par-la-cia-141947



Daph Nobody, 23 août 2010

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